Panorama de l’évaluation d’impact social en France édition 2024

Focus : perceptions et pratiques de monétisation de l'impact social.
La question de la monétarisation de l’impact social n’est pas nouvelle en France où les évaluations de politiques publiques ont développé depuis les années 60 des calculs de coûts évités, des analyses coûts bénéfices et autres approches basées sur des données statistiques macro économiques (telles que les données de la Dress, de l’Insee ou de l’OCDE) riches en enseignements pour la puissance publique...

Édito

Peut-on, doit-on donner une valeur monétaire à l’impact social ? Et si oui comment, dans quelle mesure et à quelles fins ?
Voici quelques-unes des questions auxquelles nous avons tenté de répondre à travers cette édition 2024 du Panorama ESSEC/Impact Tank des Pratiques de l’Évaluation d’Impact Social en France. Le périmètre français est particulièrement intéressant sur ces questions dans la mesure où de nouvelles approches de monétarisation de l’impact se développent à l’international dans le sillage de certaines méthodologies d’évaluation d’impact issues du monde anglo-saxon. La question même de l’adoption et/ou du rejet par les acteurs français de certaines méthodologies de monétarisation pourrait faire l’objet de travaux de recherche en management avec une perspective culturelle qui s’avérerait sans aucun doute passionnante (avis aux chercheurs qui ont participé à ce Panorama 2024 !).

L’ESSEC s’intéresse aux questions de monétarisation de l’impact social depuis 2012 et a notamment traduit le guide du Retour Social sur Investissement (SROI) du Cabinet Office britannique : c’est pour cette raison qu’il nous a paru intéressant une décennie plus tard d’explorer les perceptions des acteurs français sur ce sujet qui peut être clivant. Notre objectif à travers cette étude était donc de donner la parole au plus grand nombre d’acteurs possible, en favorisant un pluralisme de points de vue à travers une approche méthodologique mixte d’enquête auprès d’une grande diversité de parties prenantes (opérateurs, entreprises, financeurs privés et publics, évaluateurs, chercheurs). Nous espérons que les enseignements de ce premier tour d’horizon des perceptions et pratiques de monétarisation de l’impact social permettront, non pas de polariser à l’excès les points de vue, mais plutôt d’enrichir les débats et travaux sur le sujet !

Élise Leclerc,
Co-fondatrice et Directrice du Laboratoire E&MISE

La monétarisation de l’impact social fait débat. Elle permet de démontrer l’efficience économique d’une action sociale, de parler un langage commun aux acteurs privés, ou encore d’éviter que les arbitrages ne se fassent qu’en faveur de variables financières. Pourtant, les nombreuses hypothèses qui amènent à convertir les impacts sociaux et environnementaux en unité monétaire, amplifient d’autant les écarts entre le chiffre monétarisé et la réalité sur le terrain. En effet, comment imaginer que le vivre-ensemble et la cohésion sociale se résument à des euros ? De plus, le fait que des impacts ne soient pas, à ce jour, quantifiables ne signifie pas qu’ils n’existent pas. Laisser une place à des impacts plus intangibles permet de mesurer ce qui compte vraiment, même si cela nécessite plus de temps et de créativité dans la définition des outils de mesure.

L’engagement de l’Impact Tank dans le cadre du partenariat avec le Labo E&MISE de l’ESSEC pour la réalisation du Panorama annuel de l’évaluation d’impact, vise ainsi à interroger les pratiques des acteurs pour contribuer à faire émerger une culture de la mesure d’impact en France et en Europe, à la hauteur de nos défis, et participer à construire une communauté d’acteurs et de bonnes pratiques.

Cette nouvelle édition du Panorama des Pratiques de l’Évaluation d’Impact Social en France portée par l’ESSEC et l’Impact Tank s’intéresse à la perception et à l’expérience des démarches de monétisation de l’impact social, à travers par exemple les analyses coûts bénéfices, les outils pour appréhender la valeur sociale (value game, proxys financiers…), le SROI, ou encore la comptabilité sociale (intégrée, triple bottom line, multi-capitaux). Elle s’intéresse aussi à la méthode dite des « coûts évités » qui sera mobilisée dans plusieurs travaux de l’Impact Tank en 2024 : celle-ci apporte une réponse en évaluant les coûts que la société devrait supporter en l’absence de toute action. Une manière, en quelque sorte, de mesurer le coût de l’inaction.

Tony Bernard,
Directeur de l’Impact Tank